Depuis plus d’un an, les masques envahissent notre quotidien et sont devenus indispensables aux habitants de la planète entière. Pénuries, pollution, inefficacité, ils ont été au cœur de nombreuses polémiques qui n’ont pas manqué d’inspirer les artistes et les internautes. Au travers de parodies, d’installations et de peintures, les masques ont su stimuler notre imagination et donnent lieu à des œuvres aussi inattendues qu’incongrues.

Banksy, La Jeune Fille au Tympan Percé, 2014 – Bristol, Royaume-Uni
L’œuvre de Banksy, intitulée La Jeune Fille au Tympan Percé, a déjà été vandalisée une première fois lors de sa création en 2014. Située dans le quartier de Barton Hill à Bristol, la peinture du Street artiste revêt depuis avril dernier un masque chirurgical… Cet ajout n’est pas de la main de l’artiste, qui ne relaye pas la photo sur son profil Instagram, comme il a pourtant l’habitude de le faire.
Eveiller les Consciences
partie de la population également, résolue à vivre à moitié cachée.
Que seraient les chefs-d’œuvre sans leurs sourires et leurs bouches entrouvertes d’émotions ? Ils disparaissent, et seuls leurs regards donnent l’illusion du réel. C’est l’un des messages depuis le début de la crise mondiale que nous traversons : la perte d’identité aux dépens d’une sécurité nationale.
Bon nombre d’entre nous vit difficilement sous un masque, porté disparu parmi une foule masquée. Cette peinture rappelle le malaise qui frappe le monde et la distance qui se creuse chaque jour davantage. Ainsi, la douce expression véhiculée par Vermeer – autrefois sympathique – est devenue tristement familière, au rythme des gestes barrières qui clôturent notre quotidien.

Johannes Vermeer, La Jeune Fille à la Perle, « La Joconde du Nord », 1665 – Mauritshuis, La Haye, Pays-Bas
En novembre 2020, le Street artiste Toolate tente déjà d’alerter les Français sur les ravages des masques jetés dans les rues de Paris, et celles du pays tout entier. Il prend l’initiative de ramasser les masques délaissés dans la capitale, pour créer une exposition à ciel ouvert.
La légende de ses créations portait l’inscription suivante : « Voici l’œuvre d’un connard – Masque chirurgical bleu jeté au sol – Dimension : 16 cm x 7 cm – Artiste : inconnu. », le tout associé à une adresse mail pour l’achat de « l’œuvre » …
On compte une cinquantaine de masques exposés, récoltés par l’artiste en une demi-journée. Les rues en sont remplies, peu importe le quartier, ils sont dans les parcs, les caniveaux, les quais de métros …

Voici l’œuvre d’une connasse – Toolate, 2020
L’installation a de quoi alerter les citoyens, auxquels il adresse un mot de remerciement sur son compte Instagram :
« Merci aux connards pour leurs contributions, sans qui, ces 50 masques trouvés par terre n’auraient jamais pu être exposés ».
Histoire de rappeler qu’un masque met prêt de 500 ans à se désagréger, et que la conscience collective est loin d’être gagnée.
Des Mondes Masqués
Le directeur artistique japonais Tatsuya Tanaka se joue des masques qu’il insère à son Miniature Calendar, nourri de compositions colorées et habiles depuis 2011. Grâce à des mises en scène soignées et épurées, il parvient à dédramatiser, le temps d’une photo, la situation actuelle. Des personnages fictifs se trouvent ainsi plongés dans des piscines délimitées par les bords du masque chirurgical, devenu célèbre.
La protection prend des allures de toile de tente dans la miniature intitulée When is dawn ?
Plus récemment, le 31 décembre 2020, l’artiste a publié sur son compte Facebook, une famille bordée par une couette. L’œuvre intitulée Good Night 2020 est pleine de sensibilité et d’humour, à l’heure où beaucoup de Français rêvent de dire Adieu à une année très particulière.
La réutilisation des masques en tant que sculptures sera peut-être une alternative au désastre environnemental qui se prépare, comme l’a souligné Toolate.

When is dawn ? – Tatsuya Tanaka, 2020 – © Tatsuya Tanaka / Miniature Calendar

Good Night, Tatsuya Tanaka, 2020 – © Tatsuya Tanaka / Miniature Calendar
Mask of Art
Récemment, de nombreux artistes contribuent à rendre les masques moins impersonnels. Le projet, lancé il y a quelques mois par Lionel Baert – producteur – et Mathieu Allouch – animateur, vidéaste – propose des masques personnalisés, créés par différentes figures emblématiques de la scène contemporaine : ORLAN, Marie Beltrami, Olivier Mosset mais également des jeunes artistes aux profils éclectiques. Le projet, intitulé Mask of Art, constitue une belle collection d’œuvres inédites et solidaires, vendue au profit d’associations caritatives, dont les Restos du Cœur, le Refuge, le Sidaction et la Protection Civile. Récit d’une belle initiative, qui encourage vivement le port du masque et permet aux associations de perdurer en ces temps difficiles.
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