Pierre-Alexandre WILLE

Posté sur janvier 09, 2021, 2:17
16 mins

SOMMAIRE

Biographie


Un portraitiste éclairé & engagé


Les Scènes de Genre de Wille


Style & Influence de Greuze


Expositions & Œuvres Acquises


Marché de l’Art : Enchères & Performances


Collection


Pierre-Alexandre WILLE (1748-1821) dit « Wille le fils » est un peintre, graveur, aquarelliste et dessinateur français.

 

 

 

Elève de Jean-Baptiste Greuze, il façonne son identité artistique à l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Au cours de ses années de création, il réalise avec talent des scènes de genre et des portraits, inspirés de son temps… et de son maître.

 

 

Biographie


Fils aîné de Jean-Georges Wille, célèbre graveur d’origine allemande, établi à Paris et décoré Chevalier de la Légion d’Honneur, Pierre-Alexandre a la chance de baigner dès son plus jeune âge dans une ambiance culturelle confortable. A l’âge de 13 ans, il s’initie à la peinture auprès de Greuze, un ami intime de son père. Séduit par l’émotion que lui procure les œuvres de Greuze, le jeune Pierre-Alexandre s’approprie tout naturellement le savoir-faire d’un art « sentimental ».

Agréé par l’Académie des Beaux-Arts en 1774, il expose ses œuvres au Salon1 et participe avec enthousiasme aux évènements artistiques réputés. Encouragé et soutenu par son père, Pierre Alexandre jouit de sa renommée et du réseau de sa clientèle. Tel un père aimant et fier, Jean Georges Wille grave un grand nombre des dessins de son fils2, et facilite aisément sa carrière.

En 1789, père et fils épousent la cause de la Révolution, ce qui les mènera à leur perte. Pierre Alexandre délaisse ses crayons en faveur de son engagement patriotique ; néanmoins, il cadence sa création à la gloire des figures républicaines3, et emprunte volontiers ses sujets à la réalité. Il peint sa famille, ses amis, ainsi que des scènes de genres marquées par l’humilité du sentiment.

1 Le Salon de peinture et de sculpture, appelé le Salon, est une ancienne manifestation artistique parisienne ; les nouveaux lauréats pouvaient présenter leurs œuvres au public.
2 Georges Duplessis (éd.), Mémoires et journal de J.-G. Wille, graveur du roi, Paris, J. Renouard, 1857, 2 vol.
3 K. E. Maison, « Pierre-Alexandre Wille and the French Revolution », Master Drawings, X, 1972.

Un portraitiste éclairé & engagé


Fig. 1 – Pierre-Alexandre Wille
Giost, adjudant général de la force armée parisienne,
1794
Crayon noir, sanguine et rehauts de craie blanche
Musée Carnavalet, Paris

*

 

 


Sur ces deux portraits, l’inscription –
le 2e Ventôse de l’an 2e de la République une et indivisible
– montre l’entière adhésion de Pierre-Alexandre à la République.

Fig. 2 – Pierre-Alexandre Wille
Les Moustaches Françaises, ou les Bons Patriotes, 1793
Dessin
Musée Carnavalet, Paris

Lorsque Pierre-Alexandre dessine les membres de sa famille, il nous offre un travail abouti. La qualité picturale de sa technique aux trois crayons – pierre noire, sanguine et craie blanche – révèle les vertus du dessin, qu’il maîtrise à merveille.

*

Fig. 3 – Pierre-Alexandre Wille
Portrait en buste de Jean-Georges Wille
Fin XVIIIème
Dessin
Musée du Louvre, Paris

Fig. 4 – Pierre-Alexandre Wille
Portrait de Madame Wille
Fin XVIIIème
Peinture
Musée des Beaux-Arts, Bordeaux

Wille manifeste un intérêt particulier pour les costumes et les ornements singuliers, car ils désignent un nouvel ordre social et politique, celui qu’il soutient ardemment. Cependant, la toque de fourrure, la moustache de ce personnage, semblent plutôt appartenir à une nation d’Europe centrale. Cet homme, est sans doute un ami de la famille Wille, puisque celle-ci entretenait à l’époque des liens avec la Pologne, le Danemark et les pays germaniques.

A l’instar de ses dessins républicains, Pierre-Alexandre signe ce portrait de la même mention :
le 2e Ventôse de l’an 2e de la République une et indivisible –

*

Fig. 5 – Pierre-Alexandre Wille
Portrait d’homme, 1794
Pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche
30,5 x 24 cm
Signé et daté

Les Scènes de Genre de Wille


Au XVIIIème siècle, la peinture de genre est très appréciée de la cour et de la bourgeoisie, et les peintures deviennent de plus en plus intimistes. Plus tard, cette peinture réaliste rime sans équivoque avec l’impressionnisme, où les bons sentiments triomphent dans les sujets montrant la réalité sociale ; à travers les scènes de paysans au travail dans les champs, cette peinture de « moments » illustre la difficulté des plus humbles. La nouvelle manière de peindre des impressionnistes, adeptes des sujets en plein air et soucieux de mettre en scène la modernité, engendre ces nouvelles scènes de genre.

C’est dans cet esprit que Wille, habité par l’influence de son maître Greuze, nous livre des scènes de genre d’une profondeur émotionnelle, dont ce clair-obscur maîtrisé, qui met en lumière la mendicité et le vagabondage. Dans la lignée des scènes moralisantes du XVIIIème siècle, cette composition théâtrale correspond au devoir des riches à l’égard des plus pauvres.

Seuls les gestes d’accueil et la compassion tempèrent l’austérité ambiante. Ce naturalisme sirupeux est fort apprécié par la critique de l’époque.

*

« Les vêtements des paysans pauvres, et presque tous l’étaient plus ou moins, étaient encore plus chétifs, car ils n’avaient que les mêmes pour l’hiver et pour l’été, qu’ils fussent d’étoffe ou de toile ; et la paire de souliers très épais et garnis de clous, qu’ils se procuraient vers l’époque du mariage, devait, moyennant la ressource des sabots, servir. Les femmes portaient un manteau court de gros drap ou cadi noir, auquel tenait un capuchon destiné à envelopper la tête et le cou dans le cas de pluie ou de froid » 4

*
Fig. 6 – Pierre-Alexandre Wille
L’Aumône
Peinture
4 Mémoires de François-Yves Besnard, Souvenirs d’un nonagénaire, 1880.

 

Style & Influence de Greuze


La peinture de Greuze illustre la vertu, telle qu’elle était conçue par les philosophes des lumières.
A la manière de Rousseau, Greuze met l’accent sur la sensibilité : on éprouve des sentiments avant d’avoir des idées.

Les modèles littéraires du villageois vertueux, du père exemplaire, de la jeune fille rêveuse, constituent des sources d’inspiration pour le peintre. Le contraste entre l’hédonisme rococo, souvent cynique, et la glorification des sentiments vertueux chez Greuze, est tout à fait saisissant. Si le rococo est représentatif du libertinage aristocratique, la peinture de Greuze, admirée de Diderot, est celle des vertus bourgeoises.

La gestuelle, l’expressivité des visages, les mimiques confinent l’émotion sans négliger la sensualité ; certains parlent même « d’ambigüité » dans sa peinture…

Fig. 7 – Jean-Baptiste Greuze
L’accordée de village, 1761
Huile sur toile
92 x 117 cm
Musée du Louvre, Paris

Œuvres Acquises


Pierre-Alexandre Wille peint une soixantaine de tableaux, principalement des œuvres iconographiques. Une partie de ses œuvres est exposée à Paris, au Musée Carnavalet et au Musée du Louvre. D’autres, sont acquises par des collectionneurs privés.

On peut également admirer ses peintures et ses dessins en province :

  • Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Marseille, Lille, Rouen et Angers.
  • Musée National de la Coopération Franco-Américaine, à Blérancourt, Hauts-de-France.
  • Musée d’Art Roger-Quilliot, à Clermont-Ferrand, Auvergne.
  • Musée Rolin à Autun, Bourgogne-Franche-Comté.
  • Musée Municipal à La Roche-sur-Yon, Pays de la Loire.

Exposition Majeure


Salon de la Correspondance de 1774 à 1787, Paris.
Repère Bibliographique
K.E. Maison, Pierre-Alexandre Wille and the French Revolution, 1972.
Marché de l’Art : Enchères & Performances
La cote de l’artiste est estimée à 26 000 €.

Enchères


  • 90 000 € – La fête des Bonnes Gens, 1776, peinture, 102 x 130, France, 2018.
  • 42 300 € – Le Cortège Nuptial, 1809, crayon et lavis, 67 x 99, Monaco, 1990.
  • 14 500 € – Elizabeth Cazotte et son père, craies, 65 x 97, Royaume-Uni, 2006.
  • 9 700 € – Café du Caveau au Palais Royal, 1788, aquarelle, 35 x 48, France, 2005.
  • 3 000 € – Junges Madchen am Femster, 1812, craies, 36 x 29, Allemagne, 2000.
  • 1 900 € – Portrait de jeune fille en buste coiffée d’un bonnet, sanguine, 36 x 28, France, 2004.
  • 1 800 € – Portrait d’un Homme portant un bonnet, sanguine, 30 x 24, France, 2015.
  • 1 220 € – Fileuse assise de profil à gauche, crayon noir, 33 x 23, France, 2003.
  • 1 200 € – L’âge d’or, 1810, pierre noire et craie, 65 x 96, France, 2004.
  • 920 € – Portrait d’homme de trois quarts, crayon noir, 17 x 14, France, 2004.
  • 840 € – Jeune femme assise se chaussant, sanguine, 27 x 17, France, 2000.
  • 560 € – La Maîtresse d’école, crayon noir, 16 x 12, France, 2010.

Performances de Vente

Fig. 8 – Pierre Alexandre
Wille
La fête de bonnes gens ou la
récompense de la Sagesse,
1776
Huile sur toile
102,5 x 130 cm

*

Estimation :
€ 60 000 – 80 000
Prix marteau :
€ 90 000
France, 2018

 

Fig. 9 – Pierre Alexandre
Wille
Le Cortège Nuptial, 1809
Crayon couleur
Papier préparé à lavis d’encre
67 x 99 cm

*

Estimation :
€ 30 490 – 45 735
Prix marteau :
€ 42 305
Christie’s, Monaco, 1990

 

Fig. 10 – Pierre Alexandre Wille
Portrait de Madame Wille, portant un chapeau de feutre audessus d’un bonnet de dentelle, 1793
Dessin
Pierre noire, sanguine et craie blanche
39,70 x 31,6 cm

*

Estimation : € 12 195 – 18 293
Prix marteau : € 19 818
Christie’s, Monaco, 1993

 

Fig. 11 – Pierre Alexandre Wille
Elizabeth Cazotte rescues her Father – Prisoner
brought before a Tribunal
Dessin
Pierre noire
65,8 x 97,7 cm
Estimation : € 14 411 – 21 616
Prix marteau : € 14 411
Sotheby’s, Londres, Royaume-Uni, 2006

Fig. 12 – Pierre Alexandre Wille
Die verlorene Tugend
Huile sur bois
49,5 x 65,4 cm

*

Estimation : € 12 000 – 14 000
Prix marteau : € 14 000
Dorotheum, Vienne, Autriche,
2009

 

Fig. 13 – Pierre
Alexandre Wille
La mère Indulgente
– Les Conseils
Maternels
Huile/Cuivre/Panel

*

 

Estimation : € 12 000 – 18 000
Prix marteau : € 14 000
Christie’s, Amsterdam, Pays-Bas, 2013

  • Collection


Fig. 14 – Pierre-Alexandre Wille
La Marchande de poisson
38 x 46 cm
Peinture sur toile

*

L’essentiel de la peinture figurative et narrative de Wille se trouve dans les mimiques et les attitudes. Pleines de bienveillance, ces braves femmes semblent naturellement bonnes et facilitent à bien des égards la tâche de la marchande de poisson. Maître de la couleur, Wille représente admirablement les tissus et leurs ombrages ; la gestuelle est appuyée par une palette de couleurs chaudes, alliant les nuances d’ocre avec de savants dégradés blanc-crème et gris. Dans cette scène de genre pittoresque, il privilégie une émotion chaleureuse, soutenue par les visages et les regards bien complaisants des personnages. Wille célèbre là, les charmes d’un doux bonheur.

GLOSSAIRE


*
Fig. 1 – Pierre-Alexandre Wille
Giost, adjudant général de la force armée parisienne, 1794
Crayon noir, sanguine et rehauts de craie blanche
Musée Carnavalet, Paris
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Fig. 2 – Pierre-Alexandre Wille
Les Moustaches Françaises, ou les Bons Patriotes, 1793
Dessin
Musée Carnavalet, Paris
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Fig. 3 – Pierre-Alexandre Wille
Portrait en buste de Jean-Georges Wille
Fin XVIIIème
Dessin
Musée du Louvre, Paris
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Fig. 4 – Pierre-Alexandre Wille
Portrait de Madame Wille
Fin XVIIIème
Peinture
Musée des Beaux-Arts, Bordeaux
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Fig. 5 – Pierre-Alexandre Wille
Portrait d’homme, 1794
Pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche
30,5 x 24 cm
Signé et daté
*

Fig. 6 – Pierre-Alexandre Wille
L’Aumône
Peinture
*
Fig. 7 – Jean-Baptiste Greuze
L’accordée de village, 1761
Huile sur toile
92 x 117 cm
Musée du Louvre, Paris
*
Fig. 8 – Pierre Alexandre Wille
La fête de bonnes gens ou la récompense de la Sagesse, 1776
Huile sur toile
102,5 x 130 cm
*
Fig. 9 – Pierre Alexandre Wille
Le Cortège Nuptial, 1809
Crayon couleur
Papier préparé à lavis d’encre
67 x 99 cm
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Fig. 10 – Pierre Alexandre Wille
Portrait de Madame Wille, portant un chapeau de feutre au-dessus d’un bonnet de dentelle, 1793
Dessin
Pierre noire, sanguine et craie blanche
39,70 x 31,6 cm
*

Fig. 11 – Pierre Alexandre Wille
Eli Cazotte rescues her Father – Prisoner brought before a Tribunal
Dessin
Pierre noire
65,8 x 97,7 cm
*
Fig. 12 – Pierre Alexandre Wille
Die verlorene Tugend
Huile sur bois
49,5 x 65,4 cm
*
Fig. 13 – Pierre Alexandre Wille
La mère Indulgente – Les Conseils Maternels
Huile/Cuivre/Panel
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Fig. 14 – Pierre-Alexandre Wille
La Marchande de poisson
38 x 46 cm
Peinture sur toile